Roadtrip en Islande : Partie 2 le Sud en décembre

Si vous lisez cet article, vous avez déjà sans doute parcouru la première partie de notre roadtrip qui s’est déroulée au mois de juin. Ce premier voyage nous a tellement marqués que nous sommes tombés raides dingues du pays, n’attendant qu’une chose : pouvoir y retourner. Bien des gens ont été étonnés lorsque nous avons décidé de retenter l’expérience en décembre, prétextant que nous allions mourir de froid tout en ne profitant que de quelques heures de jour quotidiennes. Mais malgré mon sang latin et ma frilosité maladive, nous nous sommes entêtés et nous avons bien fait ! Voici donc le récit de ce deuxième voyage, qui ne sera très certainement pas le dernier. Comme les heures de jour sont assez limitées et que nous avons opté pour un voyage pépère, vous verrez que les activités et distances parcourues quotidiennement sont bien plus restreintes qu’au mois de juin.

Jour 1 : arrivée à Keflavik et départ pour Vík

Comme nous avions fui le Sud au mois de juin en raison de l’arrivée massive des touristes, nous pensions que le mois de décembre serait idéal pour le découvrir avec un peu plus de tranquillité et de solitude, car probablement comme beaucoup d’entre vous, nous sommes des touristes qui fuyons les autres touristes ! Nous arrivons vers 16h et la nuit commence déjà à tomber. Une fois notre 4X4 de location récupéré, nous partons directement pour Vík í Mýrdal. Si comme nous vous partez en hiver et que vous ne restez pas dans la périphérie de Reykjavik, prenez un 4X4 car les conditions météorologiques sont assez changeantes et pas mal de routes sont fermées à la circulation. Avec un bon 4X4 et des pneus cloutés vous serez tranquilles, même en cas de neige abondante comme ça a été le cas pour nous. Dans tous les cas les agences de location équipent généralement leurs voitures de ce type de pneus pendant la saison hivernale.

La nuit nous surprend rapidement et le trajet s’avère plus long que prévu (environ 3 heures pour parcourir un peu plus de 180 km). Ne vous fiez pas aux distances kilométriques car la vitesse est limitée à 90 km/h et pour peu qu’il neige et qu’il y ait du brouillard les temps de parcours sont beaucoup plus longs qu’on ne l’imagine. Nous arrivons donc en fin de soirée à notre hôtel : Black Beach Suites. L’hôtel se compose en fait de chalets appartements avec cuisine offrant une vue magnifique sur la plage. L’endroit est tout simplement superbe, à quelques minutes à peine des plages de sable noir et du village de Vík í Mýrdal. C’est aussi très pratique de pouvoir cuisiner sur place pour faire quelques économies car les restaurants, même les cafés, sont généralement hors de prix en Islande. (Si vous souhaitez loger dans cet hôtel, privilégiez la basse saison pendant laquelle les prix chutent presque de moitié). Nous nous sommes arrêtés en cours de route pour faire des courses mais un supermarché très bien achalandé se trouve au centre du village, accolé à un restaurant et à une immense boutique de souvenirs et de matériel de randonnée (vêtements, chaussures etc.).

Jour 2 : Fjaðrárgljúfur

Nous partons en direction de l’Est (environ 70 km) pour visiter le canyon de Fjaðrárgljúfur. Le chemin étant complètement gelé, il est impossible de faire l’ascension sans crampons. Heureusement pour ce voyage nous avons été prévoyants et avons acheté des crampons amovibles qui vont s’avérer indispensables à plusieurs reprises ! Dans tous les cas une guide (hyper sympa d’ailleurs) vous attend sur le parking et vous empêche de monter si vous n’êtes pas équipés ! J’ignore ce que donne ce décor en été, mais en hiver, sous la neige, le spectacle est exceptionnel. Pour la petite histoire, en islandais Gljúfur signifie canyon, et Fjaðrá est le nom de la rivière qui y coule. Ça ne facilite sans doute pas la prononciation mais ça aide un peu à comprendre l’étymologie. Le canyon daterait de la dernière glaciation. D’une longueur de 1300 mètres, ses bords peuvent dépasser 100 mètres de hauteur. Attention car en dehors du chemin et des plates-formes aménagées le lieu n’est pas balisé, vous vous approchez donc du bord à vos risques et périls ! D’en haut, la vue est spectaculaire et vaut réellement le détour.

Au retour nous nous arrêtons faire quelques courses dans le centre de Vík et nous faisons surprendre par la tombée de la nuit, abrupte et totale, en quelques minutes à peine.

Jour 3 : Sólheimasandur, Seljalandsfoss et Skogafoss

En ce troisième jour nous partons à la recherche du DC3 abandonné après un crash sur la plage de Sólheimasandur au début des années 70. La route n’est pas indiquée (comme souvent en Islande) donc repérez bien le grand parking qui surgit au milieu de nulle part sur la 1 entre les sorties 221 et 219. L’avion se mérite, car le chemin qui y mène se déroule sur environ 4 km. Sur d’autres blogues j’ai cru comprendre que certains avaient pu y accéder en voiture mais lorsque nous y sommes allés, l’entrée du chemin était bloquée juste à la sortie du parking, cette route devait donc se faire à pied. Et lorsque l’on est impatient de découvrir cette carcasse légendaire, cela semble bien long, mais aussi un peu mystique, car ce jour-là le brouillard omniprésent masque le paysage et seul le chemin sombre et rocailleux s’ouvre devant nous. Au fur et à mesure de notre progression, le brouillard se lève et laisse apparaître les majestueuses montagnes enneigées environnantes et un filet de soleil crépusculaire. Arrivés sur la plage, le spectacle est saisissant. On ressent une impression de fin du monde et de solitude extrême, malgré la présence d’autres touristes. Lorsque nous revenons au parking, le soleil s’est levé et offre une vision totalement différente du paysage.

Nous nous rendons ensuite vers les cascades de Seljalandsfoss et Skogafoss qui se situent à quelques kilomètres. Ces cascades sont très facilement accessibles et très proches de la route 1, attendez-vous donc à y trouver du monde ! Heureusement en hiver (d’octobre à avril) elles sont beaucoup moins fréquentées et leur contemplation et d’autant plus agréable. Il est même possible de passer derrière la cascade (dans notre cas le chemin était gelé et un peu glissant mais le jeu en vaut la chandelle !).

La nuit commence déjà à tomber alors nous rejoignons notre hôtel.

Le soir, nous assistons à un spectacle à couper le souffle. Pour la première fois de notre vie nous contemplons des aurores boréales. C’était notre rêve mais nous n’osions pas vraiment y croire. Nous avons utilisé deux sites que je vous conseille. Tout d’abord le site météorologique islandais : http://en.vedur.is/weather/forecasts/aurora/. A partir du moment où l’indice en haut à droite est supérieur à 3, si vous vous trouvez dans une zone non nuageuse et qu’il fait bien nuit vous avez de bonnes probabilités de pouvoir apercevoir des aurores boréales. Attention vérifiez bien les horaires sur la réglette en bas de la carte car cela peut changer du tout au tout en quelques heures.

Nous avons également utilisé le site http://www.aurora-service.eu/aurora-forecast/ qui donne des estimations en temps réel selon un index kp (toutes les informations sur cet index sont disponibles ici ). En combinant ces deux sources vous augmentez vos chances de vivre ce moment magique.

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Jour 4 : Vík í Mýrdal

Nous passons la journée à Vík, qui est le seul village doté de commerces dans un rayon de 70 km. Nous admirons les Reynisdrangar (des stacks dans le prolongement des falaises de la Reynisfjall, censés être des trolls pétrifiés) et nous arpentons les deux plages de sable noir de Vík, majestueuses et presque irréelles. Je pense que les photos vous ferons mieux partager nos émotions que mes simples mots.

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Le vent se lève et souffle assez fort, la pluie commence à tomber, nous nous abritons donc pour profiter d’un bon chocolat chaud.

Jour 5 : Tempête de neige et route pour Reykjavik

Le matin à notre réveil nous réalisons que nous sommes en pleine tempête de neige et que la route va être longue et fastidieuse ! Nous attendons jusqu’au début d’après-midi que les chutes de neige se calment un peu pour entamer la route vers Reykjavik qui va certes s’avérer compliquée (combinez neige, vent, brouillard et nuit sur les derniers 50 kilomètres et vous avez une petite idée de ce que cela peut donner) mais va également nous offrir une gamme de paysages et de lumières fantastiques. Après plus de trois heures de route nous arrivons en fin de journée à Reykjavik.

Jour 6 : Reykjavik

Etant donné que nous n’avions pas vraiment pris le temps de découvrir la ville au mois de juin nous passons une partie de la journée à nous promener dans la capitale et faire un peu de shopping. Nous montons tout en haut de l’église Hallgrímskirkja pour profiter du superbe panorama à 360° sur toute la ville puis arpentons tout le centre.

Le midi nous déjeunons chez Salka Valka, un chouette café/restaurant spécialisé dans le poisson qui propose une carte courte avec un très bon rapport qualité/prix. La déco en bois et murs sombres est vraiment sympathique et cosy. C’est le genre d’endroit où l’on a vraiment envie de se poser, que ce soit pour prendre un café ou pour déjeuner. Je vous le conseille vivement, notamment pour son plokkfiskur !

Atteinte d’une bronchite (non ce n’est pas la rudesse de la météo islandaise qui est responsable, j’étais déjà mal en point avant notre départ), j’en profite pour tester le système de santé islandais, extrêmement efficace mais très, très cher si vous n’avez pas de carte vitale européenne (13000 ISK pour une visite chez le généraliste, donc plus de 100 euros!). Si vous n’avez pas une santé de fer, je vous conseille donc de demander cette carte avant de partir. Pour information il m’a suffi de me rendre dans une pharmacie qui m’a indiqué le centre médical le plus proche. Je m’y suis rendue 30 minutes avant le début des prises de rendez-vous et j’ai pu être prise en charge très rapidement, par un médecin très sympa et parfaitement bilingue, (comme tout le monde ou presque en Islande) !

Nous passons la fin de journée sur le port qui offre une jolie vue sur le glacier ainsi que plusieurs cafés et restaurants.

Jour 7 : Þingvellir

Nous avons de la chance, il fait certes froid (-10°C) mais le soleil nous accompagne toute la journée : le temps idéal pour découvrir le parc national de Þingvellir qui se trouve à moins d’une heure de Reykjavik. Nous avons la bonne idée de prendre nos crampons, car avec ce froid glacial la plupart des chemins sont gelés. Il existe plusieurs routes pour atteindre le parc national et toutes sont superbes. Nous nous arrêtons près de lacs gelés surplombés de montagnes enneigées avant d’arriver au Visitor Center d’Hakið d’où part le chemin vers la cascade Öxarárfoss (vous l’aurez compris, foss signifie cascade en islandais). Voici un plan du parc qui vous sera sans doute utile. Pour la première fois depuis notre arrivée je sens mes limites de résistance au froid. Avec le vent, impossible pour moi de suivre le chemin plus de 15 minutes malgré mes couches superposées de vêtements chauds. Mon homme ira seul à la cascade et aura la chance d’en profiter en solitaire, car apparemment les autres visiteurs étaient aussi frileux que moi ou pas assez équipés pour faire tout le trajet. Ponctué de lacs, de sommets pouvant atteindre plus de 1000 mètres et de failles saillantes spectaculaires (jusqu’à 40 mètres de profondeur!), ce parc vaut vraiment le détour et mérite qu’on y consacre du temps pour en apprécier toutes les facettes. Pour plus d’informations sur le parc et les différentes activités proposées, consultez le site http://www.thingvellir.is/english.aspx.

Le soir nous avons de belles choses à fêter alors nous dinons au Food Cellar, un superbe restaurant bistronomique qui officie également en tant que bar à cocktails en plein coeur de Reykjavik. Le cadre est à la fois classe et décontracté, avec un bel éclairage tamisé et des murs en pierres. En entrée nous prenons des noix de saint jacques poêlées accompagnées de choux fleurs braisés et d’une sauce soja et noisettes. Un pur délice ! Nous poursuivons avec des langoustines islandaises (les meilleures qu’il m’ait été donné de déguster à ce jour) et un mélange terre et mer pour mon homme (boeuf, agneau, porc et langoustines). En dessert j’opte pour un entremet à la rhubarbe et au Skyr, le célèbre fromage blanc de l’île. Seul ce dernier est quelque peu décevant, le reste est cuit à la perfection, extrêmement savoureux et relativement fin. Les prix sont à la hauteur de la qualité et du pays donc élevés, surtout pour les cocktails qui sont certes parfaits mais dépassent les 20 euros. Une belle étape donc pour célébrer une occasion spéciale.

Jour 8 : Geysir et Gulfoss

Nous flemmardons toute la matinée avant de prendre la direction de Geysir, sans doute le site naturel le plus connu d’Islande. Nous y avions fait un passage éclair au mois de juin dernier et nous demandions ce que le paysage donnerait sous la neige. Principale attraction du cercle d’or, le site est particulièrement fréquenté. Etonnamment nous y avons rencontré une plus grande affluence en ce mois de décembre, sans doute parce qu’en juin nous étions venu beaucoup plus tard le soir. Sous ce soleil bas d’hiver, les éruptions sont véritablement spectaculaires. Vous découvrirez que le geyser jaillissant le plus souvent (plusieurs fois par heure) est Strokkur et non Geysir, qui lui ne jaillit que quelques fois par jour. En deux visites nous n’avons pas réussi à voir Geysir à l’oeuvre, mais les performances de Strokkur sont tout à fait respectables et méritent à elles seules le déplacement.

Nous prenons ensuite la route vers Gulfoss, situé à quelques kilomètres à peine, sous un ciel rosé qui semble sur le point de s’embraser.

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Arrivés sur le parking du site, le vent souffle tellement fort que notre 4X4 à l’arrêt tremble. Je vous laisse imaginer ce que cela peut donner une fois sortis de la voiture. On a l’impression d’avoir perdu 10 degrés et avancer est une lutte. Arrivée sur le ponton dominant les chutes d’eau, impossible pour moi de sortir mon téléphone pour prendre une photo. Seul mon homme arrivera à prendre des clichés en mettant tout son poids sur son pied photo. La vision grandiose coupe le souffle mais le vent me coupe les jambes, je suis donc contrainte de retourner m’abriter dans la voiture. Je peux à peu près gérer le froid mais je n’ai manifestement aucune résistance au vent !

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Le soir nous dinons à notre appartement puis allons assister à un concert de blues au Dillon, un pub très sympa où nous avions passé une super soirée en juin.

Jour 9 : Région de Reykjanes

C’est malheureusement notre dernière journée complète en Islande et nous quittons notre appartement la mort dans l’âme pour faire nos dernières emplettes et déjeuner à Reykjavik avant de sillonner une nouvelle fois la région du Suðurnes jusqu’à Keflavik (où nous dormirons quelques heures avant notre vol). Nous reprenons la même route qu’en juin qui s’avère être encore plus belle que dans nos souvenirs. La lumière influence tellement le paysage que tout semble différent. Les lacs sont gelés et tous les reliefs sont enneigés, le lac Kleifarvatn offre un spectacle d’une beauté époustouflant. A peine 20 minutes nous séparent de la capitale sur la route 42 et nous avons de nouveau l’impression d’être seuls au monde.

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Nous retournons également sur le site géothermique de Seltún, au cœur de la faille qui sépare les plaques nord-américaine et eurasienne. (Voir article du mois de juin). Contrairement aux autres paysages, le site est moins spectaculaire qu’en été car les dégradés de couleurs ocrées sont moins visibles sous cette fine neige.

Nous prenons ensuite la route 427 puis la 425 pour faire le tour de la péninsule jusqu’au « pont entre deux continents » également appelé BRÚ MILLI HEIMSÁLFA (en nous arrêtant pour papouiller des poulains en train de paître juste au bord de la route).

Il s’agit d’un ponton uniquement accessible aux piétons construit en 2002 au-dessus de l’une des plus grandes failles séparant les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine. Le pont symbolise la connexion entre l’Europe et l’Amérique, et se situe au sud de Hafnir (notre prochaine étape). Nous somme seuls et le temps paraît figé. Tout autour de nous le paysage de roches sombres enneigées semble dichrome, seul le soleil rasant apporte une touche de couleur flamboyante. Il est assez impressionnant de se retrouver ainsi à la croisée de deux continents !

Nous faisons une dernière halte à Hafnir et ses airs de village du bout du monde, puis nous prenons la direction de notre hôtel situé à quelques minutes de l’aéroport de Keflavik.

Si vous avez un vol très tôt le matin et que vous souhaitez bénéficier de quelques heures de sommeil avant le départ, je vous conseille cet hôtel qui propose par ailleurs des navettes gratuites pour l’aéroport (15 minutes à peine de trajet avec un départ toutes les heures). Cela vous permet de déposer votre voiture de location un jour plus tôt et de ne pas avoir à tout régler juste avant d’embarquer.

C’est la fin de notre petit roadtrip mais nous prévoyons déjà d’y retourner plusieurs semaines cet automne, et pourquoi pas plus longtemps encore qui sait !

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